Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’Armée française hérita des motos alliées présentes sur le territoire français, Harley-Davidson WLA, BSA, Royal-Enfield, B/Wl/l/(avec un gros stock de pièces détachées laissé par la Wehrmacht), Gnome et Rhône…Tout un parc assez disparate.
Beaucoup étaient trop lourdes, peu maniables pour les nouveaux besoins de l’Armée pour la guerre d’Algérie. Ce fut le cas pour les Harley-Davidson WLA et Terrot T500 RGSTA qui équipaient les CCR (Compagnies de Circulation Routière), que les nouvelles recrues découvraient à leur arrivée au CIT 160 (Centre d’Instruction du Train) de Beni-Messous pour passer leurs permis militaires autos, motos, poids lourds.
Au CIT 160 de Beni-Messous existait aussi une FRAMU, Formation Rationnelle Accélérée pour la conduite des Mules !
Puisque nous citons le CIT 160, beaucoup d’anciens me demandent de parler des  » incorporés directs ». Cette appellation s’appliquait aux conscrits qui recevaient à leur domicile en France une feuille de route pour se rendre en civil directement à leur première affectation, à une adresse militaire en Algérie, au contraire d’une grande majorité de jeunes métropolitains qui passaient les quatre mois de leurs classes (voire 12 mois ou plus) en Métropole ou en Allemagne.
Les  » incorporés directs  » passaient 27 mois sous les Drapeaux et ne bénéficiaient que de deux permissions pour se rendre chez eux en France métropolitaine.
La première permission était obtenue après 12 mois de présence en Algérie.
Détail succulent, pour la deuxième permission obtenue après 18 mois de présence en Algérie, j’ai dû, en qualité d’ADL, acheter mon billet A/R Constantine-Dijon.
C’est ainsi que nous,  » incorporés directs  » de la 58 1/B, à notre arrivée en mai 1958 au CIT 160 de Beni-Messous, nous découvrons la nouvelle moto militaire 175 PeugeotTC4.
Certains possédaient déjà leur permis civil VL, mais peu le permis moto, puisque les motos et scooters se conduisaient sans permis jusqu’à la cylindrée de 125 ce. La 775 ce Peugeot militaireTC4 est issue de la version civile T4 apparue en 1949.
Après le succès dans sa catégorie au Bol d’Or 1952 d’une 775 Peugeot civile, l’Armée retient rapidement le prototype militaire présenté grâce à la renommée de la firme au Lion, à la fiabilité de ses motos déjà éprouvée avec les modèles précédemment utilisés, mais aussi à l’esthétique moderne de cette 175 ce qui présente une fourche tèlescopique et une suspension arrière. La 775 TC4 est relativement légère et maniable. Ces deux qualités s’ajoutent à la robustesse, la simplicité et la nervosité de son bloc moteur 2 temps. Le réservoir contenant un mélange de carburant essence/huile est doté d’un bouchon permettant de doser l’huile du mélange. Démunie d’une batterie d’accumulateur, l’électricité nécessaire à l’allumage de la bougie et de l’éclairage est fournie par un volant magnétique.
La 175 TC4 est dotée de moyeux Idéal d’un diamètre convenable pour assurer un bon freinage. La boite de vitesses à quatre rapports est commandée du pied droit par un sélecteur.
La partie cycle comporte une fourche télescopique et une suspension arrière à dureté réglable. Tout comme les TerroT 500 RGSTA, deux solides sacoches en cuir sont installées sur le garde-boue arrière, mais on ne les voit plus sur les motos en service dans les CCR.
Daniel Meyer, maréchal des logis à la CCR 271 de Batna, nous donne quelques observations sur l’utilisation de sa 775 Peugeot TC4 :  » Engins agréables et faciles à mettre en route et à conduire. Très limitées en vitesse, dans une escorte avec une AM Panhard de la Gendarmerie, les 175 Peugeot avaient des difficultés à suivre « . Cette moto légère n’était pas employée en mode opérationnel dangereux en dehors de zones sécurisées comme les villes. On la voit dans les escortes de personnalités ou de convois funéraires. Elle effectuait également des patrouilles de police en ville en surveillance des véhicules militaires.
Ces Peugeot ont pris la relève des Harley-Davidson WLA en 1956.
A l’indépendance de l’Algérie en juillet 1962, elles ont été cédées à l’Armée algérienne.
Michel Duparet
Contact : Michel Duparet
 

Caractéristiques techniques :
Moteur : 2 temps monocylindre – Cylindrée : 170 cm3 – Alésage X course : 60 X 60 mm – Lubrification : huile minérale ou synthèse mélange à 6% – Allumage : par volant magnétique 6 volts – Puissance : 7,5 ch à 4 600 tr/mn- Cylindre : en alliage d’aluminium – Culasse : en alliage d’aluminium – Alimentation : carburateur Gurtner M 20D- Embrayage : multidisque métallique dans l’huile – Transmission : primaire par chaîne- Boite de vitesse : 4 rapports commandés par sélecteur au pied – Transmission : secondaire par chaîne
Partie cycle : Cadre : en tubes- Fourche : télescopique- Suspension arrière : réglable – Roues : à rayons de 19″ – Pneus : 2,75 à l’avant et 300 X 19 à l’arrière – Réservoir : essence 12 litres – Poids : 100 kg – Vitesse : 90/95 km/h – teinte : peinture kaki.

 

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