L’auberge de Peyrebeille

A l’aube de ce XXIème siècle, l auberge maudite existe toujours.A peu de chose pres, elle est demeurée en l’état ou elle se trouvait ce 2 octobre 1833, lors de l’exécution des époux Martin et de Jean Rochette. Meme si, désormais des constructions neuves (un motel, un restaurant et une station service) jouxtent ces batiments plus que centenaire, meme si le goudron a remplacé les ornieres et certains champs alentours, on ne peut que constater la force et la puissance qui se dégagent du lieu. on ne peut non plus ignorer cette inquiétude qui sourd en observant ces lieux chargés d histoire.

I : Bref historique de l’auberge de Peyrebeille :

Pierre Martin, et son épouse Marie Breysse, se fixerent en 1808 dans le hameau de Peyrebeille. Ils reprenaient, comme métayer, un corps de ferme, le Coula, succédant ainsi aux parents de Marie. Des leur installation en ce lieu désolé, ils avouerent l intention de construire une auberge au coeur du hameau. Visionnaires, les futurs aubergistes sentaient qu il manquait, entre les deux entrées du plateau, un relais sur cette route tres fréquentée. Dans leurs intentions, ils n ignorerent pas non plus les récriminations et les doléances des rouliers, comme celles des voyageurs qu ils croisaient ou que, parfois, ils hébergeaient. Dans un premier temps, ils transformerent leur modeste habitation du Coula en auberge-relais, louant aussi des chevaux de renfort. En 1818, ils se sentent assez fort pour franchit le pas et édifier l’auberge dont ils revent depuis dix longues années. Pour réaliser leur projet, ils firent raser des batiments proches qu’ils venaient d’acheter, construisant l’important édifice qui va résister au temps et surtout à l’horreur.
Jusqu’a leurs arrestations en 1831, ils vont gérer ce lieu d’une main de maitre, le transformant en auberge réputée. Les débuts furent modestes et tres durs, mais les aubergistes se firent rapidement une excellente réputation gra¢ce a l’attrait de leur table, et au fait qu’ils étaient toujours pret a donner la main aux rouliers et aux voyageurs en difficultés.
Les affaires prospérerent avec une telle rapidité que le couple Martin acheta bientot plusieurs terres aux environs de leur auberge, pretant meme des sommes importantes a plusieurs de leur connaissance.
Tout se passa pour le mieux jusqu’a ce fameux 12 octobre 1831 ou ils hébergerent un cultivateur de Saint Jean de Tartas, un certain Jean Antoine Enjolras. Cette nuit-la, tout bascula.

II : Passation de pouvoir :

En 1831, le couple Martin décida de passer la main. Il se trouvait trop vieux pour continuer a tenir une auberge de cette importance, surtout depuis le départ de leur fille Marguerite et de son époux pour La Fayette, un hameau proche.
Durant l’été, ils trouverent enfin un homme pret a prendre en gérance le lieu : Louis Galland. Pour leur part, ils se retiraient a une centaine de metres de la, retrouvant le Coula, leur ferme d’origine.
Une chose toutefois géna le nouveau gérant mais ne le découragea point. Ce n’était point la rumeur sanglante qui courait sur le lieu, le nombre impressionnant de clients démontrait qu’elle avait peu d’impact, mais plutot le fait que le couple Martin comptait continuer, a petite échelle certes, le métier d’aubergiste pour arrondir les fins de mois.
Cela n’inquiéta pas Louis Galland. Il comptait sur son savoir-faire pour garder la nombreuse clientele de l’auberge. C’était sans compter sur ce maudit 12 octobre 1831.

III : Description de l’auberge « historique » :

L’auberge est composée de deux batiments, accolés l’un a l’autre, l’ensemble formant un « L ».
Elle est construite en granit mélangée de moellons de basalte, basalte que l’on trouve tres facilement aux environs immédiat de ce lieu. Des fenetres, aux dimensions uniformes, (85 cm sur 55 cm) éclairent les pieces. Il est intéressant de noter que ces fenetres sont aux dimensions habituelles dans cette région. Contrairement a la légende, une seule ouverture est munie de barreaux.
La partie la plus fonctionnelle de l’auberge était, sans contestation possible, la remise. C’est un vaste batiment d’une trentaine de metres de long, avec en bout, deux grandes portes cocheres placées symétriquement. Cette disposition permettait aux équipages d’entrer d’un coté pour sortir de l’autre, sans qu’un demi-tour ou une manoeuvre quelconque soit nécessaire. Pour l’époque, cette disposition facilitait grandement le travail des rouliers ou des chaises de poste et faisait figure de « nec plus ultra ». Une sorte d’étage mezzanine permettait de stocker le foin et le fourrage pour les hivers rudes que connaissait le plateau. Cet étage servait aussi de dortoir aux rouliers ou aux gens peu fortunés. Accolé a cette grange imposante, on trouve l’auberge proprement dite. Elle dispose de trois niveaux :
* un rez-de-chaussée comportant une cuisine d’une trentaine de metres carrés avec une imposante cheminée et un four a pain sous le meme auvent. Cette piece était la piece principale de l’auberge, son coeur, la piece ou tous les voyageurs étaient accueillis. A gauche de l’entrée, une porte mene a la salle a manger, moins large mais aussi longue que la cuisine. Cette piece ne servait que lorsque l’auberge recevait des personnes importantes. En enfilade, il existe une troisieme piece, un débarras, ou l’on découvre un second four, aussi imposant que le premier, mais plus discret quant a la disposition. La rumeur dévoila que c’était ce four que les époux Martin utilisaient pour bruler les cadavres.
* Un premier étage avec un long couloir ouvrant sur des petites chambres a l’allure monacale de part et d’autre. Au bout de ce corridor; on accede a une chambre un peu plus grande, la chambre des invités de marques. Enfin, une porte permet d’accéder à l’étage de la grange.
* Un sous sol composé de plusieurs caves sombres, faiblement éclairées par des soupiraux, qui servaient d’entrepots et de chambres a coucher aux aubergistes, a leur famille et a leurs domestiques. C’était donc une auberge fonctionnelle construite pour accueillir une clientele nombreuse. Toutefois, que ce soit dans la cuisine ou dans le couloir de l’étage, on trouvait de nombreuses portes qui ouvraient sur de nombreux placards. C’éait autant de caches potentielles pour qui voulait faire un mauvais coup. Ces portes, mystérieuses pour le profane, rendaient l’atmosphere du lieu un peu plus lourde encore.

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