Le Morane-Saulnier MS-733"Alcyon"

 

 

 

 

Le développement du Morane-Saulnier MS-733 « Alcyon » (martin-pêcheur), en 1949, répondait à un marché d’Etat, concernant un avion d’entrainement destiné à l’Armée de l’Air et à l’Aéronautique navale. Appelé au départ MS-730.01 prototype, il fit son premier vol le 11 aout 1948 avec un moteur Mathis 8G.20 inversé moteur V-8. Cependant, la motorisation de 180 chevaux ne satisfaisait pas aux exigences des autorités militaires. Il fut donc remplacé rapidement par un Argus As 10 de 240 CV. Ce prototype a volé en novembre 1949, sous l’appellation de MS-731. Une autre version, le MS-733, fut développée en 1951 et équipée de moteur Potez 6D.30.
Deux prototypes ont été testés en vol au début de l’année 1951. Le précédent train d’atterrissage fixe fut remplacé par un nouveau modele rétractable.
Le premier exemplaire de la version définitive a volé le 16 avril 1951, comme MS-733.01.
Cinq avions de pré-production et de suivi et un total de 200 avions de série furent construits : 40 pour la Marine francaise, 15 pour le Cambodge, et 145 pour le service avec l’Armée de l’Air, dont 70, équipés de mitrailleuses, prévus pour etre utilisés pour l’entrainement au tir.
Cet avion connut alors une double carrière : militaire et civile.
D’une part, le MS-733 remporta un franc succès comme avion-école militaire, grace à ses facultés formatrices.
Il permettait de passer les figures de base en voltige et une version armée apparue en 1956, dotée de mitrailleuses et de bombes anti-personnel en perspective de missions anti-guérilla.
D’autre part, le Service de la Formation Aéronautique (SFA) acquit aussi des MS-733, qui servirent à la formation de centaines de pilotes qui se destinaient aux carrières de l’aviation civile.
Air France loua notamment à l’Etat cinq appareils, en remplacement des biplans Stampe d’avant guerre, afin d’assurer la formation de copilote à ses navigateurs et radio-navigants. Largement équipés en instruments de radionavigation, les MS-733 civils permirent d’homogénéiser la formation qui, jusqu’alors, était assurée sur bimoteur, en réalisant de surcrout une économie substantielle sur le prix de l’heure de vol.
Des écoles privées l’exploitèrent également, à l’image de l’IAAG.
MS-733 Militaire
Le MS-733 Alcyon, nom de baptème donné par l’Armée, se présentait comme un monoplan a ailes basses, dont l’emplanture rejoignait le plan central. Concu tout en métal, l’avion recevait un moteur en ligne Potez 6D30 de 240 ch, dont les capotages venaient recouvrir la cloison pare-feu du fuselage. Le cockpit bénéficiait d’une large visibilité, nécessaire pour un avion-école, grace a la verriere coulissante d’une seule pièce. Elle abritait trois places, dans lesquelles se logeaient les parachutes – sièges.
Le siège arrière était, parait-il, particulièrement ventilé, a tel point qu’a l’époque, une couverture était chaudement recommandée au passager…
L’hélice tripale Hartzell – modification faite par le SFA – possédait un changement de pas hydraulique, en remplacement de la Ratier bipale du prototype. Le train d’atterrissage était escamotable vers l’extremité des ailes.
Enfin, l’instrumentation était complete, avec tous les équipements IFR, deux VORILS. un ADF.deux VHF. un horizon artificiel et un gyroscope directionnel.
En 1956, quelques-uns seront envoyés en Algérie et redésignés MS-733A (armés de mitrailleuses et de bombes). L’Armée de l’Air les utilisa en appui-feu pendant la Guerre d’Algérie :
– SRE 09/540 (section de recherche et d’expérimentation) : 28/09/1955 – 26/06/1957 – C’est la SRE qui a conduit l’expérimentation opérationnelle de l’avion depuis Telergma puis Biskra avec 4 Morane cédés ensuite a l’EALA 5/70. Elle utilise ensuite un seul avion jusqu’en 1957.
-EALA 6/70: 5/03/1956-8/05/1957 – C’est la premiere EALA constituée et initialement (et brievement) désignée EAL 71, appellation d’une escadrille de MS-500 prévue pour être transformée sur 733. Mais elle est constituée a Salon-de-Provence avec des pilotes de chasse de provenances diverses. Après passage sur T-6, elle devient l’EALA 7/72 parrainée par la 9e Escadre de chasse. Elle est basée a Tebessa.
-EALA 5/70: 23/04/1956-29/04/1957 – C’est l’escadrille issue d’une unité de MS-500 après réorganisation de l’effectif selon les qualifications. Fin 1956, cette escadrille devient « escadrille parrainée » et voit son personnel remplacé par des pilotes de la 4e Escadre de chasse. Basée principalement a Guelma, elle devient EALA 17/72 le 1er juillet 1957.
– ELEA 1/70 : 28/05/1956-30/06/1956-Issue de l’escadrille d’instruction du Commandement des unités deMS-500(CUM 500), cette escadrille n’a utilisé que 3MS-733 en version école aux cotés de ses MS-500. La 1/70 constitue le CIEAL 330 (Centre d’Instruction des Equipages de l’Aviation Légere), le 1er juillet 1956, qui aura une dotation de 6 avions (dont au moins un armé), jusqu’a sa dissolution début 1957.
– EALA 7/70: 10/07/1956-26/03/1957 – Escadrille parrainée par la 4e Escadre de chasse dès sa création (aSalon-de-Provence). Basée a Oued Hamimin. elle devient EALA 18/72 le 1/7/1957, après transformation sur T-6.
Après leur retrait des EALA, des MS-733 sont affectés dans les escadrilles de liaison des trois GATAC d’Algérie :
– ELA 54 (GATAC 1) : 20/02/1957 – 21/04/1958 – 5 avions en dotation au 19/11/1957 à Oued-Hamimin.
– ELA 53 (GATAC 2) : 20/02/1957- 11/02/1958-5 avions en dotation au 19/11/1957à 0ran.
– GLA 45 (GATAC 3) : 4/02/1957 – 12/02/1958 – 10 avions en dotation au 19/11/1957à Boufarik.
Ensuite, ils rentrent en métropole et sont affectés dans des ERALA (escadrilles d’entrainement des pilotes de réserve). Les avions en version école, eux, ont été surtout utilisés par l’Ecole de l’air pour l’initiation au vol avant passage sur Fouga. Après la fin de la guerre, plusieurs appareils furent vendus au Maroc.
L’avion triplace, surnommé le « péril jaune » dans l’Armée, répondit dans les ; années 1970 a une étude du SFA, qui envisageait a cette époque de remplacer le moteur en ligne Potez par un propulseur de 350 ch, ce qui aurait comblé son manque de puissance au décollage, mais le projet fut abandonné.
De nos jours, le MS-733 est considéré comme un « petit chasseur » dans l’univers des collectionneurs, les appareils encore en état de vol sont souvent présentés au public, lors de meeting ou de fetes aériennes.
Jacques Moulin Avec l’aide de Gilbert Neel et de René Maurines
 

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